Voici certaines questions posées autour de la méditation. Les réponses données par Cyril Castaing ont été formulées dans un contexte particulier, il s’agit donc de les prendre avec précaution. 

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Que faire avec mes pensées ? Elles semblent m’empêcher de méditer correctement.

Il ne faut rien faire avec les pensées. Il faut les « laisser être ». Si vous vous positionnez comme le témoin des pensées, vous n’entrez plus dans leur contenu, dans leur bavardage. Pour éviter d’être embarqués par elles, il faut donc les laisser et surtout pas les combattre. Ainsi nous ne leur donnons plus d’énergie et elles finiront sans doute par s’espacer.

Lorsque nous remarquons que nous sommes pris dans la pensée, nous sommes déjà « hors d’elle ». Car le remarquer est le fait de notre conscience, nous sommes donc redevenus le témoin, alors que si nous nous énervons ou pensons à tout ce temps perdu, nous sommes repartis dans une pensée qui en juge une autre…

Contrairement à ce que l’on pense souvent, méditer n’est pas ne plus penser. Vouloir ne plus penser est une pensée qui veut combattre les autres, un conflit sans fin. Cet état sans pensée peut survenir mais ce n’est pas le sujet. Méditer, c’est être conscient de « ce qui est ». Et si « ce qui est » est une pensée, nous sommes conscients de cette pensée.

Observer une pensée me parait plus difficile qu’observer une sensation ?

Oui, car la pensée est souvent liée à l’idée du moi, de la mémoire, du passé, il est donc difficile d’observer les pensées sans être embarqués dans leur histoire. La pensée est un concept qui possède souvent un aspect affectif. C’est pour cette raison que l’on débute souvent la méditation en se concentrant plutôt sur une perception, intérieure ou extérieure.

Le percept étant avant le concept, s’il n’est pas préempté par la pensée, il devient ainsi une porte ouverte sur le présent. Car il n’y a pas de sensation ou de perception du passé ou du futur. C’est toujours au présent qu’ils se ressentent.

Quelles sont les différences entre les pratiques méditatives ?

Si on parle de pratiques vraiment spirituelles, l’objectif étant le même, le principe des méditations est similaire, bien que les apparences peuvent être très différentes. Mais nous devons donc déjà bien différencier la méditation en tant qu’état, c’est à dire un retour à notre vraie nature, une présence consciente, et la méditation en tant que technique qui cherche à retrouver cet état naturel. Les techniques sont des aides pour revenir à un état naturel. Elles sont souvent utilisées comme un processus qui permet de dégager la conscience des objets qu’elle perçoit.

Dans le quotidien, pour la plupart d’entre nous, nous sommes perdus dans les objets que nous percevons, nous sommes identifiés à eux. Nous nous prenons pour une entité corps/mental perdue dans nos pensées, nos émotions, nos sensations, nos perceptions etc…

Dans un premier temps, et souvent à travers une concentration sur un objet particulier (le souffle, le corps, une image, un son etc..), la technique de méditation va extraire le sujet de l’objet. L’objet ne peut exister s’il n’y a pas de sujet qui l’observe. Le sujet, que nous sommes, se désidentifie des objets et notamment des sensations du corps et des pensées du mental qu’il perçoit . C’est une première fissure dans la croyance que je suis le corps/mental.

Ensuite, en observant plus profondément, nous pénétrons les objets qui se révèlent alors vides de substance, vides de soi, car ils n’’ont  pas une entité séparée. A ce moment, sujet et objet ne font plus qu’un, nous pouvons dire alors que l’objet se fond dans le sujet. (Dans le langage traditionnel bouddhiste, ces deux étapes/caractéristiques de la méditation sont appelées Samatha et Vipasssana)

Ce processus est imagé dans la tradition zen par l’histoire qui dit que lorsque nous sommes ignorants, la montagne nous parait être une montagne, puis, lorsque notre pratique s’approfondit la montagne n’est plus une montagne, et enfin la montagne redevient une montagne.

Il y a beaucoup d’enseignants et de méthodes de méditation, comment bien choisir et ne pas se tromper?

Voyez par vous-même, faites vous votre propre opinion. De toute façon vous serez attiré par une personne qui répond à votre demande. Si vous désirez pratiquer la méditation en recherchant une détente dans votre quotidien stressé, vous irez sans doute vers des personnes qui ont une approche de la méditation comme pratique de bien-être ou de santé. Beaucoup de cours de Yoga ou de Pleine conscience l’approchent ainsi. Et c’est très bien aussi.

Mais si votre recherche est plus précise, plus profonde, si vous voulez vous connaitre vraiment, comprendre la vie, vivre cette « paix qui dépasse toute compréhension », alors vous irez vers quelqu’un qui pointe cela. Dans ce cas, comme je le conseille à chacun, mieux vaut aller à la source et se référer auprès d’un vrai maître.

Le maître est celui qui vit dans sa vraie nature et de ce fait, il est une fenêtre ouverte sur elle. Il n’a pas la vérité, il est la vérité. Mais la vérité étant, par définition, partout – car elle est « ce qui est » – tout peut donc être un maître, à chaque instant, si nous sommes ouverts. Cela signifie qu’il est aussi possible de se faire aider, ou de partager, avec d’autres personnes, sans qu’elles ne soient des maîtres, mais qui pour un temps ou pour certains points seront quand même d’un grande aide.

Comment vous situez-vous personnellement dans les ateliers proposés?

Pour ma part, je ne suis évidemment pas un maître – c’est évident, je ne suis même pas maître de moi-même! – , je n’enseigne donc rien. Alors, que puis-je réellement apporter aux autres durant ces ateliers?

Lorsque l’on m’a demandé, la première fois il y a quelques années, d’animer une méditation, je me suis posée la question de la légitimité que j’avais à le faire. Certes, cela faisait presque 20 ans que je pratiquais et il me semblait avoir eu de bons enseignants, mais est-ce suffisant ? Ce n’est pas un sujet que l’on doit prendre à la légère.

Mais ces ateliers m’ont rapidement donné la réponse. En étant vrai, sans prétention sur ce que j’étais, je pouvais partager l’expérience, sans l’imposer comme une vérité. Les personnes prenaient ce qu’elles voulaient durant ces ateliers, je n’étais pas là pour les diriger mais pour proposer une orientation si le besoin était là. Et je le dis toujours, vérifier par vous-même, ne croyez rien de ce qui est dit, c’est vrai pour les paroles du Bouddha, et donc encore plus pour les miennes!

La méditation est une expérience qui fait apparaître une compréhension naturelle, une compréhension qui est déjà là et qui n’appartient à personne. De ce fait, même si nous ne sommes pas des « maîtres », dès que nous sommes entièrement vrais et honnêtes, nous devenons alors des messagers de la vérité. Et dans cette vérité de l’instant, si nous laissons la présence vibrer à l’unisson, que nous ne laissons plus notre ego prendre toute la place, alors ces moments de partage peuvent devenir de vrais guides. Non pas grâce à l’un d’entre nous, mais grâce à nos cœur réunis.

Je me sens sceptique vis à vis de la spiritualité, ai-je tort ?

Je suis moi-même, au départ, d’un très grand scepticisme vis à vis de la spiritualité. D’une formation très scientifique, d’une éducation totalement athée, je n’ai pas baigné dans une ouverture à la spiritualité, c’est le moins que l’on puisse dire…

Mais peu importe notre point de départ : religieux, mystique ou scientifique, si « l’urgence » se fait ressentir du fond des entrailles, il nous faut chercher avec la vérité comme seul maître. Dans ce cas, nous tomberons obligatoirement sur la même chose, car « la vérité est une », quel que soit le mot que nous lui donnerons. Dieu, Intelligence, Conscience ce ne sont que des concepts vides tant que nous ne les vivons pas. Chacun en fonction de sa sensibilité utilisera les siens. Mais les mots ne sont jamais ce qu’ils pointent.

Pour revenir à votre question, être sceptique peut donc être un atout. Mais il ne faut pas exagérer ce scepticisme, car il peut aussi devenir une fermeture à la réalité. Pour découvrir notre vraie nature, nous devons être ouvert à son éventualité. Si nous ne le sommes pas, nous ne la découvrirons sans doute jamais. Car elle est l’ouverture même, l’accueil du présent. En étant fermé, nous nous fermons donc à elle. Au contraire, en étant ouvert, nous vivons cette ouverture, en étant elle.

Il nous faut donc une dose de confiance et d’ouverture pour permettre à cette profondeur de se révéler. Mais si notre scepticisme est devenu une rigidité intérieure, il nous en fermera l’accès.

 Science et spiritualité font donc bon ménage ?

Oui, mais tout dépend l’ouverture intérieure dans ces approches. Le scientifique dans l’âme est aussi un vrai chercheur de vérité. Une approche scientifique de la spiritualité a même de nombreux avantages, notamment celui de remettre en cause les idées des autres. Il faut des preuves de première main. D’un certain point de vue, cette compréhension sera solide car elle proviendra du fruit de l’expérience. Cela permettra d’éviter les nombreux pièges des croyances et superstitions.

Le risque d’une approche scientifique trop rigide existe cependant. On risque notamment d’oublier le « cœur », et sans le « cœur » la compréhension ne sera jamais complète. La recherche intellectuelle sèche est sans issue. Il faut une vision claire et un intellect acéré pour discriminer le faux du vrai, mais le mental ne peut aller au delà de lui-même. Avec une approche trop logique, on se ferme à certaines vérités quand elles ne rentrent pas dans les cases étroites et rigides de nos concepts existants, conscients ou non. Or à un moment donné, il faut se rendre à l’évidence : le mental ne pourra jamais connaitre la vérité, comme il connait un objet. Et tout concept, aussi beau soit-il est un empêchement à « être » si nous nous y accrochons, car comme le dit  Swami Prajnanpad – qui était justement un maître indien du vedanta et aussi un professeur de physique – « être, c’est être libre de l’avoir« .

En science, on observe « un objet » pour comprendre cet objet. C’est une compréhension objective dans lequel le sujet, « nous », est l’expérimentateur. Dans le domaine spirituel, la connaissance n’est plus objective. Elle se découvre par identité. « Connaître, c’est être ». L’objet et le sujet ne sont plus séparés. On peut d’ailleurs noter que la science contemporaine, dans des domaines comme les neurosciences ou la mécanique quantique, se rapproche de plus en plus des conclusions données par les profondes spiritualités. Dans l’infiniment petit de la physique quantique par exemple, ce que les scientifiques trouvent coïncide totalement avec l’idée que tout n’est que conscience. La réalité de la matière est d’ailleurs un axiome inventé par les grecs, qui a une grande utilité dans notre quotidien et en science, mais qui est totalement indémontrable. De même le temps et l’espace sont des concepts relatifs qui n’existent pas en dehors de notre pensée…

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