Le terme méditation est aujourd’hui largement répandu, et il existe une multitude de méditations différentes. Mais son utilisation courante concerne plutôt ce qu’il serait plus juste d’appeler « les techniques de méditation ». C’est à dire des pratiques, souvent basées sur la concentration ou l’attention à un objet et généralement accompagnées d’une posture physique spécifique, visant à détendre le corps et le mental. 

L’approche évoquée ici, fortement inspirée par les traditions de l’advaïta vedanta indien et du bouddhisme Zen japonais, diffère de la plupart de ces techniques, en voici quelques explications.

L’état de méditation

Pour de nombreuses pratiques de méditation, le principal but est d’apaiser le mental, de se relaxer ou d’atteindre des états modifiés de conscience ( ce qui peut être très utile!). Dans l’approche évoquée ici, l’état de méditation proprement dit n’est en fait rien d’autre que notre profonde nature. Or la reconnaissance de cette profonde nature – la présence consciente – est le but même de toute pratique spirituelle, puisque toute souffrance a justement pour cause racine – suivant ces traditions – l’ignorance en notre « vraie nature ».

Méditer, c’est donc revenir et reconnaitre, cet état naturel de présence. Et comme, par définition, il est toujours là puisque c’est notre profonde nature, il n’y a rien à atteindre ou à changer de particulier dans le fait de méditer, mais seulement d’en prendre conscience en se positionnant sciemment en elle.

Cette reconnaissance n’étant pas une action ou un effort à proprement parler, mais plutôt un arrêt de l’effort souvent inconscient qui nous maintient justement dans l’illusion d’une fausse identité. Pour être nous-mêmes, il n’y a rien à rajouter, mais il nous faut voir le voile qui nous en détourne. Comme lorsque l’on détend les épaules, l’action n’est pas un effort, mais un relâchement de la tension préexistante, initié par le fait d’en prendre conscience.

Simplement être

Cette approche implique donc un changement complet dans la façon habituelle d’aborder la méditation, car ce n’est donc plus quelque chose que l’on fait, mais quelque chose que l’on est. Et nous verrons pourquoi reconnaitre notre être, c’est tout « simplement être ».

Ce « simplement être » est l’essence même de la méditation, nous revenons à notre vraie nature, à notre source et nous vivons le présent à partir de là. La  lumière de la conscience est alors à la fois le moyen et le but, tout en permettant à cette compréhension de s’ancrer.

Dans cet état de méditation – que certains appellent non-état puisqu’il est l’accueil de tous les états -, il n’y a pas nécessité à adopter une attitude particulière, une technique, aucun exercice spécifique à faire, aucune position physique à prendre, car il ne dépend de rien et n’est conditionné par rien d’autre que lui-même.

Ce non-état est donc « juste être », percevoir chaque objet dans le champ de conscience, sans le retenir ou le rejeter.  C’est-à-dire voir avec les yeux d’une conscience constamment neuve, une conscience sans égo, où même l’observateur disparait petit à petit pour ne plus laisser place qu’à la pure conscience sans objet.

Rien de spécial

Cette méditation « pure » – bien qu’étant notre état naturel – n’est cependant pas si facilement reconnaissable, et c’est pour cette raison qu’il existe donc différentes « techniques de méditation » qui ont été mises en place à travers les siècles dans les nombreuses traditions spirituelles.

Dans le Zazen, la méditation du bouddhisme zen, on dit shikantaza , « juste s’asseoir », sans technique particulière, mushotoku, « sans but », tel que l’enseignait le maitre du zen soto Dôgen. Bien que la posture du Zazen soit très précise, il s’agit là d’une des formes les plus épurées de pratique de méditation, même si ses pratiquants disent que ce n’est justement pas une technique puisqu’il n’y a rien à faire d’autre que de s’asseoir.

Nous voyons ici pointer toutes les contradictions et difficultés des techniques de méditation. Car si la méditation est donc un retour vers ce non-état que nous n’avons jamais vraiment quitté – mais que nous avons « oublié » – toute pratique qui recherche à atteindre un état particulier risque d’être un leurre de plus. Et pourtant si nous ne faisons rien, il y a de grandes chances que nous restions ignorants de ce que nous sommes…

Les techniques de méditation peuvent donc avoir un vrai intérêt, mais il faut bien savoir ce que l’on recherche et ne pas se tromper. Car pour vivre notre vraie nature sciemment, c’est-à-dire pour vivre l’état de méditation, elles ne sont pas obligatoirement toutes efficaces et peuvent même parfois être contre-productives.

L’état naturel, Sahaja dans l’advaïta Vedanta qui est proche du hishiryō dans le boudhhsime zen, est sous-jacent à tous les états mentaux, il est un non-état, l’état qui accueille tous les états. Donc si les techniques de méditation cherchent un état particulier de sérénité, de bonne santé, de ressenti agréable, de vibration énergétique ou autres, elles risquent de nous détourner de ce non-état (en fait nous ne pouvons pas en sortir, mais elles nous embarquent dans une recherche qui nous empêche cette reconnaissance).

Méditer, c’est en fin de compte ne rien faire de spécial, ni même arrêter de faire quelque chose, mais voir sciemment ce qui est à partir de cette conscience déjà libre que nous sommes fondamentalement.

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